Propriété des Hospices Civils de Beaune, l’Hôtel-Dieu est un site patrimonial remarquablement conservé, fondé en 1443 par Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne, et de sa dernière épouse Guigone de Salins. Construit à la fin du Moyen Âge, pendant la guerre de Cent Ans, à une époque où la misère et la famine touchent les trois quarts de la population beaunoise, l’hôpital est alors considéré comme un lieu d’hospitalité destiné aux pauvres où sont accueillis les personnes errantes et les malades sans ressources.
Bâtisseur et mécène, Nicolas Rolin fonde ainsi un hôtel-dieu à Beaune en dévotion au Christ souffrant. Conçue comme un « palais pour les Pôvres », l’institution charitable est confiée aux bons soins des Dames Hospitalières ; elle reste en activité jusqu’au début des années 1970, avant qu’un hôpital moderne, plus adapté à l’évolution des soins, ne soit construit dans la périphérie du centre historique de Beaune.
Joyau de l’architecture bourguignonne avec ses toitures polychromes vernissées, l’Hôtel-Dieu est l’un des rares témoignages de l’architecture civile de la fin du Moyen Âge ; il est aussi un haut lieu de mémoire de l’histoire hospitalière. En parcourant les salles, les siècles défilent du XVe au XXIe siècle : il abrite le polyptyque du Jugement dernier (1445-1450) de Rogier van der Weyden peint pour la chapelle de la salle des Pôvres - restaurée dans l’esprit gothique par Maurice Ouradou (1872-1878), la salle Saint-Hugues décorée par Isaac Moillon (vers 1645), l’apothicairerie parée de ses 130 pots de faïence (1782) ainsi que des collections de mobilier, tapisseries, objets d’art et instruments de soins. Après un transfert progressif des services vers le nouvel hôpital Philippe le Bon (1971), le site est entièrement affecté à la visite en 1988. Héritier d’une tradition hospitalière de près de six cents ans, l’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune est classé monument historique en 1862.
La cour intérieure est certainement l'image la plus connue des Hospices de Beaune : les toits recouverts de tuiles polychromes en terre cuite vernissée dessinent d'extraordinaires figures géométriques.
Les deux ailes de chambres sont surmontées de multiples lucarnes dont les sculptures et les décors de plomb constituent de véritables œuvres d'art. Leur chaude polychromie de bois et de terre cuite contraste avec l'aile opposée : le bâtiment donnant sur la rue est volontairement sobre et austère, construit en pierre de taille et recouvert d'ardoise
Le cœur de l'Hôtel-Dieu
Inaugurée en 1452, la Grande Salle des Pôvres a conservé ses dimensions d'origine : 50 m de long, 14 m de large, 16 m de haut. Le mobilier d'inspiration médiévale fut reconstitué lors de la restauration de la salle opérée en 1875 par le gendre de Viollet-le-Duc, Maurice Ouradou. L’ensemble permet de redonner le sens premier, par son aspect fonctionnel, à cette grande salle.
Un décor somptueux
La charpente en lambris de chêne est ornée de poutres polychromes uniques au monde où des dragons multicolores « crachent » les poutres traversières. Par endroits, le carrelage comme les vitraux - et autres décors muraux - arborent le monogramme de Nicolas Rolin et Guigone de Salins. La devise « Seulle », qui les accompagne, signifie que Guigone était la seule dame des pensées de son mari.
Au-dessus de la porte d’entrée se trouve un remarquable et immense Christ aux liens datant de la fin du XVe siècle qui faisait face à la chapelle.
La chapelle
La chapelle fait partie intégrante de la Salle des Pôvres. Elle symbolise la parfaite symbiose entre l'aspect religieux et médical de l'Hôtel-Dieu. C'est dans cette chapelle que prenait place à l'origine le fameux polyptyque de Rogier van der Weyden, aujourd'hui exposé dans une salle conçue spécialement pour sa meilleure conservation. Guigone de Salins y est inhumée, sous une plaque de cuivre.
Créée en 1645 à l'instigation d’Hugues Bétault, cette pièce est révélatrice du rôle qu'a pu jouer un bienfaiteur dans l'histoire de l'Hôtel-Dieu. Elle fut de tous temps affectée aux malades dont la présence est ici largement évoquée.
Peintures murales
Dues au peintre parisien Isaac Moillon, neuf des onze peintures murales illustrent des miracles du Christ. Au plafond est représenté le « Miracle de la piscine de Bethsaïda », tandis que le retable de l'autel évoque les guérisons miraculeuses de saint Hugues.
De dimensions modestes, elle contenait 12 lits - occupés par des malades des deux sexes, ce qui choqua profondément Louis XIV lors de sa visite en 1658. Il établit donc une rente de 500 livres à l'Hôtel-Dieu afin que l'on puisse faire de nouveaux aménagements séparant les hommes des femmes. Elle n'a pris ses dimensions actuelles qu'à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
La salle Saint-Nicolas abrite aujourd'hui une exposition permanente sur l'Hôtel-Dieu et son histoire, notamment avec une étonnante maquette en paille réalisée au XVIIIe siècle par un malade. Un peu plus long, une excavation dans le sol permet de voir couler la Bouzaize. Ce cours d'eau assurait l'évacuation des déchets en aval, preuve du souci d'hygiène qui a présidé à la conception des bâtiments.
La cuisine a fonctionné avec un équipement moderne jusqu’en 1985 pour les pensionnaires de la maison de retraite. Elle a aujourd’hui retrouvé son aspect du début du XXe siècle avec son grand fourneau.
La vaste cheminée gothique à deux foyers demeure la pièce maîtresse, celle-ci a conservé ses accessoires d'époque. Son âtre est tapissé des fameux carreaux ornés de la devise « Seulle ». La cromale, grande potence articulée, permet de rapprocher ou d'éloigner les chaudrons du feu.
Le plus spectaculaire est le tournebroche de 1698 animé par un petit automate, surnommé « Messire Bertrand », habillé en costume traditionnel de cuisinier du XVIIe siècle. Il semble tourner la manivelle, et veiller aux activités de la cuisine.
En passant la majestueuse grille de la cour des fondateurs, une myriade de couleurs saisi l’œil du visiteur. Inauguré le 3 juin 2022, le jardin Échos polychromes, imaginé par Stéphane Larcin & Géraldine Carré, va se développer au fil des saisons. Aves ses végétaux aux floraisons successives et ses feuillages orangés, jaunes, pourpres et verts qui se répondent, c’est dans une ambiance naturelle et éclatante que les statues des fondateurs de l’Hôtel-Dieu sont magnifiées. Résolument ancré entre tradition et modernité, le jardin est dessiné en miroir des motifs polychromes des toitures ; il mêle dans ses plantations l’esprit du jardin des simples à celui plus contemporain des végétaux sélectionnés en réponse aux problématiques des effets du changement climatique.
En pénétrant dans cette salle, vous découvrez le travail des sœurs apothicaires qui préparaient les remèdes destinés aux malades hospitalisés.
Sur le fourneau, situé à l’origine dans le laboratoire, deux imposants alambics en cuivre permettaient d’extraire les substances actives des plantes dont certaines étaient issues du jardin des simples, alors situé à l’arrière de la pharmacie.
Le tableau, peint par Michel Charles Coquelet Souville en 1751, présente les différentes tâches effectuées dans l'apothicairerie de Claude Morelot au XVIIIe siècle : réduction en poudre de plantes séchées, utilisation du mortier, distillation dans l'alambic et cuisson d'une préparation médicamenteuse.
Dans la seconde salle de la pharmacie dite officine, les étagères présentent une collection de 130 pots de faïence, datés de 1782, dans lesquels étaient conservés les onguents, huiles, pilules ou sirops... Les pots de verre contiennent encore des spécifiques dont certains intitulés laissent rêveur : poudre de cloportes, yeux d'écrevisses, poudre de noix vomique, élixir de propriété...
Commandé par le Chancelier Rolin, ce polyptyque du XVe siècle composé de 9 panneaux est attribué à l'artiste bruxellois Rogier van der Weyden. Il représente le Jugement dernier. Il était à l’origine installé sur l'autel de la chapelle, et n'était ouvert à la vue des malades que les dimanches et jours de fête.
Le retable fermé
Nicolas Rolin et Guigone de Salins, agenouillés en prière, se font face, tandis que sont représentés en trompe-l’œil : l'Annonciation, saint Sébastien (patron de chevalerie du Chancelier) et saint Antoine (patron de l'Hôtel-Dieu et de Guigone de Salins) suivi de son cochon.
Le retable ouvert
Le Christ, Juge Suprême, majestueux dans sa robe pourpre, sa main droite levée, fait signe aux élus : Venez à moi les bénis de mon Père… À l'inverse, sa main gauche est abaissée en signe de désapprobation : Écartez-vous de moi, maudits dans le feu éternel…
Aux pieds du Christ, sont représentés les quatre anges annonciateurs du Jugement dernier ; ils entourent l'archange saint Michel. Resplendissant dans le contraste de sa robe blanche et de son manteau écarlate, le visage impassible, ce dernier pèse les ressuscités.
Créée en 1661 à l'instigation de Louis Bétault, la salle Saint-Louis fut construite à la place d'une grange qui fermait la cour de l'Hôtel-Dieu ; elle servait aussi de cuverie.
Cette haute pièce, au riche solivage, contient de beaux coffres gothiques et Renaissance, des coffrets, des statues et des vitraux des XVe et XVIe siècles.
De superbes tapisseries
La tenture, tissée à Tournai au début du XVIe siècle, raconte en sept épisodes la parabole de l'Enfant Prodigue. Une autre série de tapisseries de Bruxelles, de la fin du XVIe siècle, évoque l'histoire de Jacob.
Les progrès de la médecine
La fontaine et les lits du XIXe siècle restent les principaux témoignages de cette salle jadis consacrée aux malades. Cette section témoigne des progrès de la médecine du XIXe au milieu du XXe siècle avec le développement de l’asepsie, de l’anesthésie, de la radiologie entre autres.
Un patrimoine viticole
Le vin a toujours joué un grand rôle à la fois comme médication et comme moyen de financement de l’hôpital. Cette extrémité de la salle est consacrée au domaine viticole des Hospices de Beaune et à la Vente des Vins qui se déroule chaque 3e dimanche de novembre où est vendue aux enchères la production annuelle du domaine des Hospices de Beaune.
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