LES HOSPICES CIVILS DE BEAUNE LANCENT UN PROJET DE RESTAURATION  DE L’ŒUVRE HOSPITALIÈRE EMBLÉMATIQUE DE L’HÔTEL-DIEU : LE POLYPTYQUE DU JUGEMENT DERNIER DE ROGIER VAN DER WEYDEN

 

Une collaboration entre les Hospices Civils de Beaune & le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France sous le contrôle scientifique et technique de la Direction régionale des affaires culturelles Bourgogne-Franche-Comté.

 

Dans le cadre du projet « Hôtel-Dieu 2043 » et en regard des derniers rapports d’analyses relatifs à la conservation et à l’exposition du retable, les Hospices Civils de Beaune (HCB) s'associent avec le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), sous le contrôle de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) Bourgogne-Franche-Comté, pour conduire un projet d’étude, de restauration et de valorisation du polyptyque de l’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune. 

 

2025-2029 / Une convention de partenariat HCB / C2RMF pour la restauration & la valorisation du retable

Le C2RMF accompagnera d’abord in situ (décembre 2025 - août 2026) l’étude préalable de l’œuvre, les campagnes d’imagerie scientifique et la rédaction du cahier des charges pour l’étude préalable à la restauration. Puis, à partir de septembre 2026, l’œuvre sera accueillie dans les locaux du C2RMF pour effectuer des analyses scientifiques complémentaires dans ses laboratoires et pour réaliser les travaux de restauration ; la première, et seule, restauration fondamentale du polyptyque, engagée par la commission des Hospices Civils de Beaune, a été réalisée entre 1875 et 1878 dans les ateliers du Louvre. 

Compte-tenu du caractère insigne de l’œuvre, de l’ancienneté de la précédente restauration et des enjeux de celle à mener, un comité scientifique sera constitué par les Hospices Civils de Beaune avec l’appui du C2RMF et de la DRAC Bourgogne-Franche-Comté. Le comité scientifique se tiendra, en premier lieu, à l’Hôtel-Dieu, puis il sera reçu au sein du C2RMF à chacune des étapes de la restauration afin de partager et d’arbitrer les questions posées pour la préservation et la conservation du retable beaunois.

 

Une nouvelle campagne d’imagerie organisée en décembre 2025

Une nouvelle campagne d’imagerie scientifique, conduite par deux photographes du C2RMF, en présence de l’équipe-projet de l’Hôtel-Dieu et de la DRAC, va se dérouler dans la salle du Polyptyque de l’Hôtel-Dieu du 8 au 12 décembre 2025.
 
Elle vise à compléter les dossiers d’imagerie et de photographie recensés depuis la fin du XIXe siècle. Grâce aux équipements de pointe mobilisés, les professionnels du patrimoine disposeront d’une meilleure connaissance de l’œuvre et pourront orienter les analyses et les restaurations à venir. L’ampleur des lacunes et des repeints sera notamment mieux documentée, ainsi que les dessins sous-jacents ayant servi à l’élaboration de l’œuvre.


La salle du Polyptyque restera accessible aux visiteurs lundi, mardi et mercredi matin ; en revanche, elle sera fermée jeudi et vendredi. L’écran tactile disponible dans la salle Saint-Louis permettra de continuer à découvrir l’histoire du retable, avec des focus documentés et illustrés sur chacune des compositions des quinze panneaux peints ; des temps de médiation avec les visiteurs pourront être organisés sur demande préalable en billetterie.

 

POUR ALLER PLUS LOIN…

Polyptyque du "Jugement dernier" de Rogier van der Weyden - Polptyque ouvert 220cm x 548xm © Francis Vauban
Polyptyque du "Jugement dernier" de Rogier van der Weyden - Polptyque ouvert 220cm x 548cm © Francis Vauban

Rogier van der Weyden 
Tournai, 1399-1400 / Bruxelles, 1464
Polyptyque du Jugement dernier
Peinture à l’huile sur panneaux de chêne, entre 1443 et 1451
Retable classé monument historique au titre objet en 1891
Hôtel-Dieu, Hospices Civils de Beaune 

Une œuvre picturale à vocation hospitalière

Le retable de Beaune - plus souvent dénommé « Polyptyque du Jugement dernier » - est une commande majeure du couple Rolin pour la chapelle de la salle des Pôvres ; il est réalisé par l’un des plus grands maîtres flamands du duché de Bourgogne Rogier van der Weyden. 

À date, aucun document concernant la commande du retable n’a été retrouvé. Certainement en place lors la consécration de la chapelle le 31 décembre 1451, son exécution peut être située entre 1443 et 1451. Il est mentionné dans le premier inventaire des biens de l’hôpital effectué en 1501 comme installé sur le maître-autel. 

Avant sa restauration fondamentale de 1875-1878, le retable était amovible : il était composé de neuf volets de chêne dont six peints sur deux faces. Fermé, le polyptyque présentait aux yeux de tous les donateurs, leurs saints protecteurs et une scène de l’Annonciation. Ouvert lors des grandes fêtes religieuses, la majestueuse scène du Jugement dernier s’offrait à la contemplation des malades et des dames hospitalières. 

Le retable avait alors une double vocation : il était perçu comme une forme d’expression de charité chrétienne associée à un support imagé de soins spirituels. Depuis leurs lits, les malades pouvaient soit saluer l’engagement charitable du couple Rolin, soit observer le jugement des âmes selon leurs péchés ou selon leurs vertus, avant leur passage vers l’Enfer ou le Paradis. Assurer les soins corporels et les soins spirituels, veiller au salut des âmes de chacun, telle était la vocation hospitalière originelle du retable de l’Hôtel-Dieu.

Une brève chronologie de préservation & conservation de l’œuvre

1875/1878 : 1ère restauration fondamentale du retable validée par la commission des Hospices 
campagne confiée aux ateliers de restauration du Louvre, placés sous la direction de Frédéric Reiset dont la correspondance avec la commission des Hospices Civils de Beaune est conservée dans les archives historiques de l’Hôtel-Dieu

XXe siècle : surveillance, interventions & conservation préventive
- 1905 : 1ère intervention post-restauration fondamentale
- 1945/1947 : refixages, reprises et régénération du vernis de certains panneaux par Lucien Aubert au MBA Dijon 
- 1952-1953 : série d’examens du retable réalisée au Louvre 
- 1957 : nettoyage des deux panneaux des fondateurs à Paris 
- 1971 : décision de déplacer le retable dans une salle spécialement construite et aménagée pour sa conservation 
- 1988 : mémoire relatif à l'examen de surveillance de l'état de la couche picturale du restaurateur Robert Beaudoin 

2007/2024 : suivi du retable par Françoise Auger-Feige, conservatrice-restauratrice de peintures et consultante en conservation préventive du patrimoine
- 2007 : dépose, dépoussiérage face et revers, refixage de la couche picturale, bilan sanitaire, tests de décrassage
- 2008 : rapport d’analyse Étude technique et état de conservation du polyptyque du Jugement dernier de Van der Weyden. Préconisations pour la conservation et l'exposition de l'œuvre
- 2021 : rapport de traitement Constat d'état et dépoussiérage du Jugement dernier de Van der Weyden
- 2024 : rapport d'analyse Étude technique et conservatoire du polyptyque du Jugement dernier de Van der Weyden. Préconisations pour la conservation et l'exposition du retable
 

À propos de l’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune : un patrimoine vivant hospitalier

Propriété des Hospices Civils de Beaune, l’Hôtel-Dieu est une institution charitable fondée le 4 août 1443 par le chancelier du duc de Bourgogne Nicolas Rolin (1376-1462) et sa dernière épouse Guigone de Salins (1403-1470), à une époque marquée par la misère et la famine. Imaginé par les donateurs comme un « palais pour les Pôvres », l’Hôtel-Dieu est confié dès 1459 aux bons soins des Dames Hospitalières. L’hôpital est alors un lieu d’hospitalité où sont accueillis les personnes errantes et les malades sans ressources ; il reste en activité jusqu’en 1971, année du transfert des services vers l’hôpital-pilote Philippe le Bon, construit au-delà des remparts

Symbole de l’architecture civile de la fin du Moyen Âge, l’Hôtel-Dieu n’en est pas moins un établissement en perpétuelle évolution, et ce grâce à la générosité des bienfaiteurs qui sont attachés à l’amélioration du confort des malades, au développement et à la modernisation des espaces de soin. Patrimoine emblématique de la Bourgogne, il est classé monument historique en 1862. 

Témoin d’une tradition hospitalière multiséculaire, avec une programmation annuelle qui décline les valeurs du prendre soin et du partage, l’Hôtel-Dieu demeure un trait d’union entre soignants, patients et visiteurs. Parcourir ce site patrimonial est une invitation à retisser les liens entre passé et présent, à croiser les regards, et à questionner l’avenir auquel nous aspirons. 

 

À propos du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France
 
Le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) est un service à compétence nationale du ministère de la Culture au service des 1.220 musées agréés par l'État et distingués par l'appellation « musées de France ». Le C2RMF est un établissement singulier par son statut, par la diversité des domaines de compétences de ses équipes, l'étendue de son plateau technique et sa capacité à proposer, au sein d'une même structure, une approche globale de la conservation des biens culturels. Dans ses locaux se côtoient, de façon exceptionnelle et temporaire, des œuvres provenant des « musées de France » et des collections publiques, afin d'y être analysées scientifiquement et, pour certaines, restaurées par des équipes de spécialistes.